C’était l’un des journalistes et politologues le plus connu du monde arabe et du Liban : l’ancien professeur Antoine Sfeir est décédé le 1er octobre à l’âge de 69 ans des suites d’une longue maladie.

Fondateur des Cahiers de l’Orient, Antoine Sfeir a commencé sa carrière de journaliste au service étranger du quotidien Le Jour en 1968. Kidnappé et torturé par des milices palestiniennes au tout début de la guerre de 1975, il quitte Beyrouth pour la France, où il continue sa carrière de journaliste. Il collabore entre autres au quotidien La Croix. En parallèle, Antoine Sfeir rédige une vingtaine d’ouvrages sur la région et l’islam. En 2003, il s’attaque à Tariq Ramadan, le dépeignant comme un spécialiste du “double langage”, à l’influence plus mortifère que celle des islamistes radicaux. À l’époque, celui qui est maintenant sous les barreaux en France porte plainte pour diffamation. Mais Antoine Sfeir sera relaxé. Multicasquette, Antoine Sfeir travaille aussi avec des industriels français pour « apporter un éclairage et comprendre les enjeux de la région », raconte l’un d’eux. C’est d’ailleurs ce qui lui vaudra le premier manquement à une réputation sans tâche jusque-là : en 2009, il signe un ouvrage d’une terrible complaisance vis-à-vis de la Tunisie de Ben Ali. Accusé de collusion avec le régime autoritaire tunisien, Antoine Sfeir reconnaîtra s’être « trompé lourdement » après la révolution tunisienne de 2011. Chevalier de la Légion d’honneur, il présidait depuis 2014 l’Institut libre d’étude des relations internationales (Iléri).