Nous ne parlerons pas du gouvernement. Voilà, c’est décidé. Après tout, “ils” nous snobent depuis près de huit mois, n’estimant pas la situation économique suffisamment inquiétante pour faire fi de leur ego et de leurs fluctuantes affiliations…

Pourtant, ce ne sont pas les indicateurs économiques désastreux qui manquent : arrêt des prêts logement subventionnés, baisse de la valorisation des eurobonds, panique sur les CDS, augmentation du taux interbancaire… Mis bout à bout, ces “bad news” finissent par dire ce que nos politiques ne veulent surtout pas entendre : un pays qui sombre, doucement mais sûrement.

Si nous les snobons aujourd’hui, c’est aussi qu’ils ne servent à rien. Sont-ils capables de sortir le Liban de la crise dans laquelle le pays s’enfonce ? Quels projets nous offrent-ils pour que nous consentions aux sacrifices que la crise annonce pour notre pouvoir d’achat ?

À ces questions, seul leur silence nous répond. La raison est assez simple : nos hommes politiques n’ont rien à nous offrir pour 2019 sauf éventuellement – s’ils sont conscients de la situation économique – « des larmes et du sang ».

En guise de “meilleurs vœux et bonne année”, vous repasserez !   

Ce qu’il nous faudrait, c’est un Mario Draghi. Rappelez-vous : en 2012, le président de la Banque centrale européenne lançait son fameux : « Whatever it takes » (tout ce qu’il faudra) pour sauver l’euro. Presque aussitôt, les marchés stoppèrent net de spéculer sur les obligations des États en difficulté. Les rumeurs d’éclatement de la zone euro furent mises en sourdine. Et les analystes saluèrent le coup de maestro de “Super Mario”, parvenu à éteindre la crise des dettes souveraines à l’aide de trois mots, lancés spontanément dans “l’humeur du moment”.

Riad Salamé applique le même motto : sauver le peg, préserver le système bancaire et assurer une certaine paix sociale « quoi qu’il en coûte » en cette année 2019, toujours sans budget.

Mais “Super Riad” n’a pas le même horizon ni surtout les mêmes alliés. Là où l’Italien agissait pour sauver le projet européen, le Libanais temporise pour sauver un État dysfonctionnel dont les représentants n’agissent pas. À défaut, il gagne du temps, réagissant aux événements, sans chercher à les devancer ni les contrôler.

Mais, du coup, Riad Salamé ne fait que renforcer la violence de la vague qui doit nous percuter.

Car sa politique a un coût, chaque jour plus difficile à encaisser : les taux d’intérêt élevés ont certes préservé le peg, mais ils ont étouffé le peu qu’il restait de l’économie réelle. Aujourd’hui, c’est la dette publique qu’ils attaquent…

Pour s’y préparer, il aurait fallu un gouvernement porteur d’un projet ambitieux… Whatever it took.