Située le long du port de Beyrouth jusqu'à l’ancienne gare ferroviaire, l’avenue Charles Hélou est l’un des axes les plus fréquentés de la capitale. Cinq projets résidentiels, d’affaires et commerciaux y sont en chantier. Cette dynamique masque pourtant une sous-exploitation.

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L’avenue Charles Hélou bénéficie d’un emplacement stratégique avec de nombreux atouts. Elle est l’une des principales entrées et sorties de Beyrouth avec un flux continu de véhicules et la proximité du port lui offre des vues dégagées sur le littoral.

Malgré ces spécificités, le développement immobilier de l’avenue reste limité avec un mélange d’immeubles d’appartements, de bureaux, des structures commerciales et surtout de nombreuses parcelles vides.

Ces dernières années, une poignée de promoteurs ont voulu profiter des dégagements sur le port pour construire des immeubles résidentiels. Mais les réussites sont mitigées.

Dessiné par l’architecte Nabil Gholam, Harbour Tower compte 23 appartements de 418 m2. Le projet s’est bien vendu. Ce qui n’a pas été le cas d’un immeuble voisin de 21 logements d’environ 500 m2. Commercialisé dès 2010, aucune unité n’a été vendue. Suite à des problèmes financiers, le promoteur a dû céder plusieurs étages à sa banque.

À ce jour, un seul chantier résidentiel est en cours. Le projet Quasar Tower propose de petites surfaces à partir de 60 m2, avec une grille des prix qui est passée de 6 500 dollars en 2015 à 5 500 dollars le mètre carré en 2018.

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Le développement résidentiel de l’avenue est en tout cas limité par le bruit ininterrompu des voitures. Les projets d’affaires, en revanche, y ont un meilleur potentiel.

Plusieurs immeubles de bureaux comme Harbor Drive, Harbour et Centre SD y sont déjà implantés et plusieurs compagnies y ont leurs sièges sociaux, notamment MTC Touch et Zuhair Murad. Le secteur tertiaire sera renforcé prochainement par les projets B Tower et La Voile Offices & Retail. La banque BLF y construit également son siège social et la Bank of Beirut, qui possède une large parcelle, pourrait faire de même bientôt.

Selon la société de conseil immobilier Ramco Real Estate Advisers, plus de 3 000 m2 de bureaux sont actuellement à la location le long de l’avenue. Les loyers demandés varient de 150 à 300 dollars le m2 par an, selon la qualité des produits et les facilités de parking.

Si l’immobilier d’affaires se développe et semble avoir un bel avenir, l’activité commerciale est encore timide. Quelques enseignes dont le restaurant Le Bar du Port, la galerie Kartel et la salle d’exposition de voitures Audi sont présentes. Les loyers devraient être de 400 à 500 dollars le m2 annuel.

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Bien que les nouveaux projets en cours et en préparation (Quasar Tower, La Voile Offices & Retail, B-Tower) aient des espaces commerciaux, la dynamique reste faible. Des milliers de voitures empruntent pourtant l’avenue, ce devrait encourager les commerçants à y ouvrir des points de vente.

Les propriétaires des parcelles vacantes gagneraient également à revoir leur stratégie. Au lieu de laisser leur bien vacant ou en parking, ils devraient y construire des structures commerciales afin de les louer. Le profit serait nettement supérieur.

Comme l’autoroute du nord entre Dora et Dbayé, Charles Hélou a un vrai potentiel pour attirer des enseignes alimentaires, des concessionnaires automobiles, des supermarchés, des banques, etc.

L’avenue compte encore de nombreuses parcelles vacantes, ce qui en fait l’un des derniers secteurs géographiques d’Achrafié avec de telles réserves foncières. Malgré la baisse des prix des magasins et des bureaux, les incidences foncières (prix du terrain divisé par la surface vendable) devraient varier entre 1 400 et 1 600 dollars le m2. Certains propriétaires demandent 20 à 25 % de plus, mais ces valeurs sont incohérentes par rapport à la crise actuelle du marché immobilier.