Immeubles de bureaux, espaces de coworking, tours résidentielles et bâtiments historiques cohabitent le long de l’une des principales sorties de Ras Beyrouth.

Élie Abi Hanna

Avec sept immeubles de bureaux, la rue Spears est surtout une adresse d’affaires. Située à la sortie de Hamra et de Verdun, l’adresse bénéficie d’une accessibilité relativement aisée malgré des embouteillages quotidiens, sans commune mesure avec ceux de la rue Hamra.

L’activité d’affaires a connu une nouvelle dynamique en 2016 avec l’ouverture du complexe Antwork qui occupe plus de 5 000 m2 de bureaux individuels et d’espaces de travail partagés.

Le secteur d’affaires se renforce actuellement avec la construction du projet Spears 88 et la prochaine rénovation de l’immeuble de l’Union. Ainsi, presque 16 000 m2 de bureaux vont être prochainement ajoutés au stock existant.

Les prix demandés à Spears 88, dont le chantier a repris en 2018, sont de 5 000 dollars le m2, quel que soit l’étage. Environ 35 % du projet a été vendu.

Construit en 1952, l’immeuble de l’Union a une valeur architecturale indéniable. Racheté il y a cinq ans, ses nouveaux propriétaires envisagent de réhabiliter l’immeuble avec six étages de bureaux et les deux derniers niveaux avec des appartements.

À l’opposé, la rue Spears compte une minorité de projets résidentiels.

L’immeuble Vision 1793, dessiné par l’architecte Charles Hadifé, est terminé depuis quelques mois. Il compte 52 appartements – avec 38 % de petites surfaces de 115 à 149 m2 – dont 80 % ont été vendus. Les dernières unités à la vente sont affichées sur la base de 4 500 dollars le m2.

Un second immeuble résidentiel était prévu à la fin de la rue Spears. En 2012, le projet s’intitulait Deck 32 et devait compter 91 appartements. Les prix débutaient alors à 5 000 dollars le m2. Mais après la phase d’excavation, le projet a été arrêté en 2015 suite à un changement de partenaires. Bien que de nouvelles affiches annoncent un nouveau promoteur (United Investment Group) et un nouveau projet sous le nom d’Uptown, le site est laissé à l’abandon.

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Sur le plan foncier, la rue Spears ne compte plus beaucoup de parcelles disponibles à de nouvelles constructions. Quelques terrains, dont trois parkings, seraient susceptibles d’être bâtis.

Les incidences foncières devraient tourner autour de 1 500 dollars le m2. Les valeurs des terrains sont boostées par le potentiel commercial des rez-de-chaussée.

Un des chantiers en cours propose une boutique à 12 000 dollars le m2. Avec une marge de négociation de 20 %, ce qui est courant actuellement sur le marché, cela donnerait une valeur de 9 600 dollars le m2. C’est plus de deux fois plus cher qu’un appartement ou un bureau.

Pourtant, la rue dispose d’une structure commerciale limitée avec une poignée d’enseignes dont deux banques (une troisième a acheté un local, mais ne l’occupe pas encore) et surtout le snack Barbar qui occupe une longue façade au milieu de la rue Spears.

Les disponibilités sont rares. Hormis quelques boutiques alignées autour de Barbar, la rue Spears n’a pas de continuité commerciale. Bien que la rue draine un flux quotidien d’automobiles, l’interdiction de se garer même quelques minutes réduit considérablement son potentiel.

Incontestablement, le charme de la rue Spears réside dans ses bâtiments historiques. Malheureusement plusieurs sont en ruine et mériteraient d’être réhabilités.

Pour la plupart classées et interdites à la destruction, ces richesses architecturales comme l’immeuble Yammout (qui date de 1935), le siège de la Croix-Rouge (de 1934) et l’ancien palais où résidait Takieddine el-Solh font partie de l’identité de la rue.