Dans un contexte de crise immobilière, la société de développement et de gestion d’actifs immobiliers, Forefront Development, a mis en suspens ses projets au centre-ville de Beyrouth en attendant la reprise des ventes. Entretien avec son PDG, Aboudi Farkouh.

Quelles sont les nouvelles de vos projets au centre-ville de Beyrouth ?

Nous gérons deux projets au centre-ville qui appartiennent au groupe Hassan Hachem : Twin Park à côté de l’hôtel Four Seasons et Marfaa 1515 situé dans le secteur du Waterfront Beirut.

Pour Twin Park, nous sommes en train de peaufiner les plans et le design. Il s’agit d’un immeuble avec 20 000 m2 de surfaces résidentielles avec des appartements de 80 à 500 m2 et des boutiques au rez-de-chaussée. Par contre, le projet Marfaa 1515 sur le remblai est en suspens, il n’y a pas de plan à court terme de le démarrer.

Pourquoi cette stratégie d’attente ?

Le moment n’est pas opportun pour lancer de tels projets. Les ventes d’appartements ont diminué et la demande est limitée. Pour Twin Park, il faudrait prévendre environ 25 % du projet afin de financer sa construction. À Beyrouth, il y a de plus en plus de projets à l’arrêt, parce que les promoteurs se sont endettés auprès de leur banque. Nous ne voulons pas prendre le risque de financer ce projet à travers un prêt bancaire. Nous voulons nous assurer que le projet sera livré. La construction sera donc lancée une fois que le financement sera garanti.

Comment voyez-vous l’évolution du marché depuis la formation d’un nouveau gouvernement ?

La crise ne va pas durer infiniment et, un jour ou l’autre, le marché va se relever. Dans l’immédiat, le nouveau cabinet doit redonner confiance en réduisant le déficit budgétaire et favoriser les prêts bancaires avec des contrôles plus stricts.

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En attendant une amélioration du marché, cherchez-vous encore des opportunités à Beyrouth ?

Les taux d’intérêt ont paralysé le marché. Notre politique est de regrouper des actionnaires et des partenaires pour l’acquisition de terrains afin de construire un projet. Aujourd’hui, les investisseurs préfèrent mettre leur argent à la banque pour avoir des rendements d’environ 10 %. Avec la crise actuelle, il est difficile de les convaincre à miser sur le secteur immobilier au Liban. Notre dernière acquisition remonte à fin 2016. Nous avons réuni 18 investisseurs pour l’achat d’une parcelle de 9 000 m2 sur le front de mer à Jbeil. Ce projet comportera des villas et des chalets. Nous lancerons sa construction prochainement.

Avez-vous profité de la baisse des prix du foncier pour investir ailleurs ?

Depuis 2016, nous n’avons pas investi au Liban. Nous avons étudié des dizaines de terrains, dont une parcelle dans les beaux quartiers d’Achrafié. Son incidence foncière était de 1 400 dollars le m2 vendable, ce qui était un bon prix. Trois ans plus tard, sa valeur a encore baissé et les ventes d’appartements sont de plus en plus difficiles. Nous avons bien fait de ne pas l’acheter. Le prix de certaines parcelles à Beyrouth a baissé de 20 à 30 %, mais cela n’est pas suffisant pour nous convaincre. Nous regardons désormais en dehors du Liban, notamment à Chypre et dans les pays d’Europe de l’Est.

Parallèlement à notre activité au Liban à travers Forefront Development, nous sommes impliqués depuis octobre dans un projet à Chypre, au centre de Larnaca, avec des appartements meublés, des boutiques, des restaurants et potentiellement d’un hôtel. Ce complexe a environ 50 000 m2 de surfaces vendables et totalise plus de 200 millions d’euros de valeur marchande.

Pourquoi investir à Chypre ?

C’est un marché en devenir où les rentabilités sont plus intéressantes actuellement qu’au Liban. Les taxes y sont limitées, l’économie va y être dynamisée par les ressources du gaz et l’obtention d’un passeport encourage les investisseurs. L’île est devenue très attractive et attire des acheteurs de toute l’Europe, de Russie et même de Chine. Plusieurs sociétés de promotion immobilière libanaises y sont actives.