Alors que les ventes d’appartements et de bureaux se sont accélérées depuis novembre 2019, les transactions foncières ne suivent pas la tendance. La demande est forte, mais les disponibilités sont limitées dans la capitale et les propriétaires terriens plus difficiles.


Mark Mansour

La peur d’une faillite financière du pays et d’une ponction sur les dépôts pousse de nombreux épargnants à investir dans l’immobilier à Beyrouth. En quelques semaines, des centaines de ventes d’appartements ont été conclues à des prix allant de 250 000 à 700 000 dollars.

Les grandes fortunes cherchent aussi à investir dans la terre, avec des budgets variant pour la plupart entre 5 et 10 millions de dollars. Les enveloppements atteignant 20 millions de dollars sont plus rares.

De nombreux agents immobiliers ont été sollicités pour trouver des options à leur client. Mais la tâche n’est pas aisée, car les propriétaires fonciers, en général, ne sont pas aussi endettés que les promoteurs immobiliers et ne sont pas dans l’urgence de céder leur bien.

Des propriétaires qui étaient vendeurs il y a encore quelques semaines ont retiré leur bien du marché ou exigent désormais d’être payés en partie à l’étranger. Cette condition s’oppose toutefois à l’intérêt des acheteurs qui cherchent à sortir leur argent des banques locales, et non de leurs comptes à l’étranger.

Selon nos informations, une poignée de propriétés ont toutefois été vendues à Beyrouth au cours des dernières semaines. La société Solidere a été le plus gros vendeur, plusieurs parcelles à Saifi Village, Kantari et sur le remblai du Normandie ayant trouvé preneur. Les ventes correspondent à des incidences foncières* de 1 300 à 1 400 dollars le m2, soit des budgets d’environ 15 à 20 millions de dollars pour chaque parcelle.

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Une dizaine de terrains ont également été achetés à Ras Beyrouth et à Achrafié. Les petites parcelles de moins de 5 millions de dollars sans ancien locataire ni construction sont logiquement les plus recherchées par les investisseurs. Mais ce profil de parcelle est devenu rarissime.

Malgré la hausse de la demande, les prix du foncier n’ont pas évolué. Si Solidere a baissé ses tarifs de 40 à 50 % par rapport à 2017 pour attirer des acheteurs, les autres propriétaires n’ont réduit que modérément leur prétention. À part une parcelle à Gemmayzé affichée à 8,5 millions de dollars en 2016 et proposée aujourd’hui à 6 millions de dollars, les baisses se situent entre 10 et 20 % sur les trois à quatre dernières années. Mais beaucoup demeurent encore au-delà de leur juste valeur. L’estimation des parcelles est néanmoins plus difficile depuis l’arrêt des ventes sur plan. La valeur d’un bien ne se base plus sur son potentiel de développement, mais sur sa plus-value potentielle.

Si les ventes sont limitées à Beyrouth, la dynamique est plus forte dans des sites très localisés en montagne comme à Faqra Club où plus d’une vingtaine de terrains ont été vendus. Ils ont séduit des budgets d’environ un million de dollars. « La fourchette des ventes a été de 850 à 1 050 dollars le m2 », affirme un agent impliqué dans plusieurs transactions.

*Incidence foncière : prix de la parcelle divisé par la surface vendable.