Depuis novembre 2019, la peur d’une faillite financière encourage les Libanais à se tourner vers l’immobilier. Cette dynamique a permis à de nombreux promoteurs d’écouler leur stock d’invendus. Entretien avec Antoine Yammine, copropriétaire des immeubles Villa Florentine à Gemmayzé et Achrafieh Gardens à Furn el-Hayek.

Combien d’appartements avez-vous vendu depuis le début de la révolte populaire ?

La demande a explosé à partir de la fin de novembre 2019. Les premières ventes ont été finalisées en décembre. Au total, six appartements ont été vendus. Nous n’en avions vendu que deux ou trois au cours des trois dernières années.

 Quelles sont les surfaces des appartements vendus ?

Nous avons vendu un large panel de produits avec des surfaces de 245, 295 et 342 m2. Les deux duplex de Villa Florentine et Achrafieh Gardens, qui ont des terrasses, ont été achetés rapidement.

Quelle a été votre stratégie pour attirer les acheteurs ?

Avant novembre 2019, nous avions quinze appartements invendus à Villa Florentine et Achrafieh Gardens, deux immeubles terminés depuis cinq à six ans. Sur un total de 31 appartements, 48 % des unités étaient encore en vente. Lorsque les épargnants ont commencé à paniquer, nous avons relancé une trentaine d’agents immobiliers. Nous savions que la demande était en plein boom. Nous voulions en profiter pour vendre notre stock encore disponible. Nous avons en même temps offert des réductions de 20 à 30 % sur notre grille des prix initiale. Ainsi, nos tarifs étaient très compétitifs. Le premier étage à Villa Florentine était affiché à 2 100 dollars le m2 et celui d’Achrafieh Gardens est à environ 2 500 dollars le m2.

Pourquoi avoir baissé autant vos prix ?

Villa Florentine est situé dans une rue très calme de Gemmayzé. Mais notre parking est étroit. Il fallait donc des prix attractifs pour compenser cela. Achrafieh Gardens compte de grandes surfaces avec quatre chambres à coucher. La nouvelle grille de prix a placé nos produits parmi les moins chers du quartier, tout en étant à quelques mètres de l’ABC. Les ventes de ces appartements nous ont permis d’investir dans un autre projet à l’étranger.

Quel est le profil des acheteurs ?

La majorité veut acheter un appartement pour y vivre. Un acheteur a même vendu le sien pour acheter chez nous. Certains clients, qui habitent à l’étranger, ont acquis des logements pour leur enfant. À notre connaissance, seul un client cherche à louer son bien.

Combien d’invendus vous reste-t-il ?

Nous avons encore neuf appartements à la vente. Mais depuis les dernières ventes, nous sommes moins flexibles. Nous n’accordons plus autant de rabais. Il n’est plus nécessaire de sacrifier nos prix. Il nous suffit encore de quelques ventes pour boucler notre nouveau projet. Si nous avions maintenu des remises de plus de 30 %, nous aurions vendu plus d’appartements, mais ce n’est plus notre priorité. Les appartements restants seront ultérieurement mis sur le marché locatif.