Dans la plus grande tradition des radios libres lancées dans les années 1970 dans toute l’Europe pour revendiquer la libre parole et mettre fin aux monopoles des États sur les médias, Zee3 Enta tend le micro aux citoyens et leur laisse libre antenne sur le Net. Le concept a été lancé il y a bientôt trois ans par Sherif Hossni et l’équipe de sa start-up PMC Egypt. Zee3 Enta (passe à l’antenne, en français) a suivi la révolution égyptienne et est né du constat dressé par cet ancien consultant en nouvelle technologie : « Après ces événements, la parole devait être libérée, mais les médias traditionnels n’étaient pas prêts à la véhiculer. » Entouré d’une équipe d’une dizaine de personnes, il crée la plate-forme en s’appuyant d’abord sur YouTube et en publiant des vidéos dénonçant le sectarisme ou appelant les gens à donner leur sang pour les personnes blessées lors des manifestations. Elles comptent des dizaines de milliers de vues. Le concept est alors amélioré pour donner directement la parole aux internautes sous forme de vidéos d’une moyenne de sept minutes qui reprennent des extraits enregistrés aux quatre coins du pays sur des sujets variés dans un studio ambulant doté d’un banc installé en face d’une caméra. Pour financer le projet, l’équipe rassemble 60 000 dollars auprès de sponsors et n’a pas réellement de modèle économique pour pérenniser le concept de façon autonome. Fort de sa bonne audience, Sherif Hossni souhaite à présent diffuser l’expérience à d’autres pays du Moyen-Orient. Il commence avec le Liban et lance un pilote qui rassemble 200 témoignages : « Ce n’est pas une surprise pour nous. Nous pensons que les Libanais sont ouverts aux idées nouvelles. » Un pilote qui lui sert à faire appel aux investisseurs (institutions ou privés) ou au crowdfunding (appel aux microdons de particuliers) afin de développer la plate-forme dans le pays. Le but de Sherif est de parcourir le pays avec son studio ambulant afin de produire une douzaine d’épisodes, au moins.
Ensuite, direction Dubaï. À terme, Sherif Hossni souhaite même élargir le concept pour permettre aux citoyens d’enregistrer leurs messages directement sur la plate-forme, sans passer par le studio.


