Élias Khlat est un passionné de médias et de sa ville, Tripoli. À la tête de la société de communication et de production Eklat depuis 1987, il est également président du comité local rassemblant les associations de la société civile dans la grande ville du Nord. « Depuis 2008, on y dénombre en moyenne cinq clashs militaires par an. Cela a contribué à détruire l’image de la ville, son identité. La ville a été délaissée », explique-t-il. Lassé de voir Tripoli faire la une de l’actualité nationale et régionale « seulement pour ces conflits », il décide, il y a trois ans, de lancer une page sur le réseau social Facebook, afin de relayer des informations différentes : « Vie culturelle, interpellations des hommes politiques sur des problématiques quotidiennes communes à tous les Tripolitains. » La page rassemble aujourd’hui plus de 4 000 utilisateurs.
Pour passer le cap vers un média plus structuré, il achète le nom de domaine trablostv. Le site est finalement lancé à la rentrée. Il s’appuie avant tout sur l’image sans pour autant avoir la capacité d’être une télévision en streaming diffusant en continu : « Avec les connexions Internet du pays, impossible de tabler sur du direct. Les contenus publiés sont donc majoritairement de courtes vidéos et des diaporamas photos », précise Élias Khlat. Pour produire ces images, des jeunes de la ville ont été sélectionnés et formés au maniement de la caméra, au montage : « Je leur transmets ainsi mon expérience dans l’audiovisuel. » Six équipes ont été formées, le matériel a été fourni par la société de production d’Élias Khlat. C’est d’ailleurs par ce biais que le Tripolitain finance pour le moment la chaîne : « À terme j’aimerais obtenir des bourses internationales, mais je souhaite d’abord montrer ce dont nous sommes capables en commençant à produire des contenus grâce à l’autofinancement. »
S’ajoute à cette piste la possibilité de vendre des espaces publicitaires aux commerçants locaux ou aux marques internationales souhaitant promouvoir leurs produits dans la ville. L’objectif étant dans trois ans d’embaucher les équipes, pour le moment bénévoles.
Les sujets sont choisis par le comité de rédaction. Il est composé des six équipes de jeunes reporters et de deux journalistes locaux qui ont gracieusement accepté de prendre la direction de la publication.
Afin de faciliter l’accès aux informations et les déplacements dans la ville, un partenariat a été passé avec un journal local (dont Élias Khlat ne souhaite pas pour le moment communiquer le nom) afin de leur conférer un statut officiel de journalistes. Les informations sont publiées en arabe et sont gratuites pour atteindre la population locale : « Impossible dans une ville avec le niveau de vie moyen de Tripoli de faire payer l’information aux auditeurs. » À terme, Élias Khlat souhaite faire traduire les contenus afin de véhiculer une image différente de sa ville au-delà des frontières et des langues.