Le restaurant Liza s'est installé dans les étages du palais Abdallah Bustros
Le restaurant Liza s'est installé dans les étages du palais Abdallah Bustros

Des rumeurs filaient bon train depuis plusieurs mois. C’est  désormais officiel : l’ancien palais Abdallah Bustros, situé rue Wadih Naïm (ex rue Trabaud), à Achrafié, change de propriétaire. Il a été vendu, lors d'une vente aux enchères, à Youssef Michel Tabet (dit Joyli Tabet ) pour un montant d'un peu moins de 22 millions de dollars, selon nos sources. 

« Des biens de cette qualité sont si exceptionnels et si chers à la vente qu'ils ne peuvent intéresser qu'une poignée d'investisseurs potentiels », commente Guillaume Boudisseau, consultant auprès de Ramco Real Estate. «Surtout lorsqu'ils sont situés dans l'un des quartiers les plus bourgeois d'Achrafié», ajoute-t-il. 

Contacté par Le Commerce du Levant, le nouveau propriétaire n’a pas souhaité fournir davantage d’informations, assurant simplement que cette acquisition se veut d'abord un « projet personnel et familial ».

Rentier, Joy Tabet possède de nombreux bien-fonds à Beyrouth et dans sa proche banlieue : il détient notamment plusieurs lots de parkings dans le quartier de Furn el-Hayek et les terrains sur lesquels ont été construits le centre commercial CityMall (Jdéddé) ainsi que les restaurants McDonald's de Jal el-Dib et de Furn el-Chebek-Badaro. 

Propriété à l'origine de la famille Bustros, cette maison de style florentine a été construite au 19e siècle. Elle abrita notamment la danseuse du ventre et jet-setteuse accomplie Dany Bustros. Pour mieux la rentabiliser, sans la détruire, ses héritiers  - Mitri et Gaby Bustros, choisissent de la transformer en 1994 en un « gentlemen’s club » , un club de luxe et une salle de sport ralliant les membres de l’Upper Class d’Achrafié, le Metropolitan.

Pour cela, une SAL est crée  "The Metropolitan Club" : la famille Bustros apporte le terrain tandis qu'Antoine Tabet  (aucun lien familial avec le nouveau propriétaire, Youssef Tabet) injecte 4,5 millions de dollars, en échange de 25% des parts. Le financement complémentaire est trouvé grâce à la vente d'actions à quelques 300 autres investisseurs, au prix de base de 10 000 dollars environ. 

Au démarrage, les travaux -  qui comprennent l'excavation de  plusieurs étages souterrains pour notamment construire une somptueuse piscine - sont  estimés à 11 millions de dollars.  Ils finiront par coûter 17 millions de dollars. La société se retrouve avec une dette d'un peu plus de six millions de dollars qui, au fil des années, finit par atteindre 8 millions.   Une fois les dettes, les impôts, et les frais liés à la vente payés, les détenteurs des 775 actions de la société, dont les Bustros et les héritiers d'Antoine Tabet, devraient pouvoir récupérer entre 13 et 14 000 dollars par action, estime un membre du Conseil d'administration. Ce prix est supérieur au cours initial, mais inférieur au prix que certains ont déboursé par la suite. Les actions du Metropolitan Club s'échangeaient en effet à presque 20 000 dollars à une époque. 

Des sources ont affirmé au Commerce du Levant que  Joyli Tabet s'était engagé à maintenir le club en fonction pendant encore deux années.  L'information a toutefois été démentie par son avocat, Adonis Abou Jaoude. « Nous tenons à certifier que M.Tabet n’a pris aucun engagement en ce sens. M. Tabet ayant acquis le bien en question aux enchères publiques, il n’est tenu à aucune obligation que ce soit concernant le club ou la société Metropolitan SAL », a-t-il précisé dans un courriel adressé à la rédaction.   

Le bâtiment abrite par ailleurs deux restaurants  : le Liza, fondé en 2013 par Ziad Asseilly et Lisa Soughayar pour un investissement 1,7 million de dollars ainsi le Barbizon, une entité du groupe Tabet and Co, qui s'est installée à la place de l'ancien La Posta. En 2013, Tony Salamé, patron du groupe de distribution Aïshti, y avait installé aussi Metroplotan Art Society, une galerie d'art contemporain tournée vers les artistes internationaux.

Ces locations rapportaient environ un million de dollars par an au Club et lui permettaient notamment de couvrir les coûts de maintenance.

Joint par e-mail, Ziad Asseilly de Liza assure ignorer, pour l'heure, ce qu'il adviendra de son restaurant.  «Notre bail se termine dans six ans et je ne connais pas encore les intentions de monsieur Tabet pour ce lieu ».


Cet article a été modifié le 25 janvier et le 6 février 2018.