Le Liban fait partie des quarante pays les plus corrompus au monde, selon le classement annuel de l’ONG Transparency International. Du moins, il est perçu comme tel. La réalité pourrait être pire. Dans la région, il n’y a que l’Irak, la Syrie, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen qui font moins bien. Des pays qui ont en commun une instabilité politique ou sécuritaire. Alors que le Liban, lui, n’a pas été aussi stable depuis longtemps. L’élection de Michel Aoun, fin 2016, était censée avoir ouvert une nouvelle ère, dans laquelle la lutte contre la corruption avait été identifiée comme une priorité. On lui a même consacré, pour la première fois, un ministère d’État. Avec quels résultats ?

Soyons positifs – pour ne pas dire naïfs – et penchons-nous sur les “progrès modestes” mentionnés dans le rapport de Transparency International.

Trois mesures prises en 2017 sont citées. La première est l’engagement du Liban à rejoindre l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (EITI). La réalité est que cet engagement reste pour le moment théorique. Les premiers contrats d’exploration et d’exploitation de gaz signés récemment n’ont pas été publiés, comme le recommande l’EITI, et la loi sur la transparence dans le secteur n’a toujours pas été votée. Les textes ayant trait aux revenus futurs du secteur, en revanche, avancent en mode accéléré sans même avoir été présentés à la société civile.

L’autre “progrès” mentionné est l’adoption de la loi sur l‘accès à l’information. Une loi que beaucoup d’administrations n’ont pas les moyens de mettre en œuvre, dont les décrets d’application n’ont pas encore été publiés et qui attendent toujours la création de l’agence de lutte contre la corruption, prévue dans le texte.

Enfin, troisième et dernier “progrès” : le vote en octobre par le Parlement libanais du budget 2017, le premier en douze ans. Un budget adopté après que l’argent ait été dépensé et sans les bilans arrêtés. En matière de transparence, on a connu mieux.

Voilà pour les “réalisations” du gouvernement. La réalité est que rien n’a vraiment été fait, ni au niveau de la petite corruption ni de la grande. En revanche, les slogans, en cette période électorale, pullulent, insultant ouvertement l’intelligence des Libanais. On nous promet désormais toute une stratégie pour lutter contre ce fléau, à l’occasion de la conférence d’aide au Liban, qui se tiendra début avril. Comme si on pouvait encore les croire !