Vitrine des locaux d'al-Hayat au centre-ville de Beyrouth
Vitrine des locaux d'al-Hayat au centre-ville de Beyrouth

Le quotidien Al-Hayat aurait été racheté par un membre ou des proches de la famille saoudienne au pouvoir. Raja Rassi, directeur général de Dar al-Hayat, la maison d’édition qui publie le quotidien al-Hayat, a confirmé la vente. « Nous avons pris connaissance d’une telle décision. Mais le rachat n’a toujours pas été officiellement finalisé. À ce stade, rien n’est encore confirmé ».

Le directeur affirme cependant ne pas connaître encore le nom du ou des nouveaux investisseurs. Il pourrait toutefois s’agir de Mohammad Ben Salman (MBS), que de lourdes présomptions présentent comme l’instigateur du meurtre du dissident saoudien, le journaliste Jamal Khashoggi, chroniqueur au Washington Post. C’est en tous les cas ce qu’affirme le quotidien al-Modon le 20 novembre dernier.

Un quotidien en restructuration

Fondé au Liban au lendemain de la seconde Guerre mondiale par Kamel Mroué, al-Hayat a fermé en 2018 ses principaux bureaux, notamment ceux de Londres et Beyrouth. Détenu par le prince saoudien Khaled ben Sultan, cousin de MBS et ancien ministre adjoint de la Défense du Royaume saoudien, le quotidien panarabe a recentré son activité sur les pays du Golfe, où une édition papier continue d’être publiée.

« Faute d’informations précises sur le nouveau repreneur du quotidien, je ne sais pas quel sera l’effet de cette acquisition sur la ligne éditoriale d’al-Hayat », explique Malek Mroué, le plus jeune fils du fondateur du titre.

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Cette lourde restructuration est en partie liée à une baisse des recettes publicitaires et de la diffusion payante des journaux. Al-Hayat n’a jamais publié les chiffres de sa circulation, mais selon plusieurs sources, son lectorat aurait été divisé par trois ces dix dernières années. À Beyrouth, il avoisinait les 2 000 copies par jour.

Pour Raja Rassi, ce rachat doit permettre au quotidien d’indemniser ses créanciers, parmi lesquels la centaine d’employés licenciés du bureau de Beyrouth en juillet dernier.

L’apport financier doit en théorie en plus assurer la rémunération de la trentaine de collaborateurs, parmi lesquels une majorité de journalistes, qui travaillent encore à Beyrouth pour le compte d’Al-Hayat comme pigistes. « On nous a déjà fait plusieurs promesses, mais nous n’avons toujours rien encaissé. Je ne veux pas croire en de vaines promesses », indique une de ces journalistes. En grève depuis novembre, ces freelances n’ont en effet pas encaissé leur salaire depuis l’annonce de la restructuration, il y a cinq mois.