Lauréat de plusieurs compétitions internationales, l’entrepreneur de 25 ans inaugure Second Base, une nouvelle boutique dédiée à la fripe vintage. 

Le fondateur de FabricAID vient d'ouvrir une nouvelle boutique dédiée à la fripe vintage à Gemmayzé
Le fondateur de FabricAID vient d'ouvrir une nouvelle boutique dédiée à la fripe vintage à Gemmayzé

«J’étais nul à l’école, mais c’est malgré tout là-bas que j’ai trouvé ma vraie vocation», s’amuse Omar Itani, un jeune entrepreneur social, qui vient de lancer Second Base, une boutique où chiner des vêtements d’occasion vintage.

C’est en effet lors d’une compétition organisée par l’association Injaz dans son lycée que l’élève de première qu’il était alors a découvert un concept peu développé au Liban : l’entrepreneuriat social. «J’ai tout de suite compris que cela me correspondait, mais mes parents ne voulaient pas en entendre parler. J’ai donc rejoint l’Université arabe de Beyrouth (BAU) pour me former en génie industriel.»

Sa fibre sociale réapparaît vite cependant : une vidéo décrivant la vie d’une famille dans un camp en plein hiver l’indigne. «Je me suis rendu compte qu’il y avait près de 2,5 millions de personnes au Liban incapables de s’habiller correctement, tandis que des tonnes de vêtements sont jetées faute d’une structure qui redistribue le bon habit à la bonne personne !» s’indigne-t-il.

Il arrête alors ses études et fonde FabricAID, spécialisée dans la revente de vêtements d’occasion qui fait aujourd’hui travailler 25 employés. «On essaye, quand c’est possible, d’employer des gens issus de milieux défavorisés», souligne Omar.

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Quand ils ne lui parviennent pas sous forme de dons, les vêtements sont achetés auprès de commerçants et d’associations, contre une faible rémunération (750 livres libanaises le kilo). Nettoyées et triées, ces fripes sont réintroduites dans le circuit via les trois boutiques Souk el-Khlanj que la start-up a ouvert à Halba, Tripoli et Saïda.

Les prix y restent abordables : entre 500 à 3 000 livres libanaises. Même les pièces abîmées y sont réparées ou réutilisées pour être revendues sous la marque “Remaid by FabricAID” lors d’événements au Liban ou ailleurs.

Ce modèle d’économie circulaire a permis à FabricAID de réduire les émissions de CO2 de 432 tonnes. Il restait cependant un lot dont Omar Itani ne savait pas trop quoi faire : des tenues vintage assez extravagantes qui ne trouvaient pas preneurs parmi les habitués de Souk el-Khlanj.

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C’est pour cette catégorie de fringues, un rien olé olé, que le jeune homme a ouvert Second Base. Localisée à Gemmayzé, la boutique vise des jeunes branchés en quête de tenues stylées. «Des chemises colorées aux minijupes et shorts provocateurs, l’offre de notre boutique a de quoi donner une bouffée d’air frais à plus d’une garde-robe », s’exclame-t-il. Les prix sont plus élevés que ceux de ses autres friperies, autour de 30.000 livres libanaises la pièce. « C’est une façon de mieux écouler notre stock, tout en augmentant nos profits, qui sont intégralement réinvestis dans l’expansion de FabricAID», souligne Omar Itani.  

Depuis 2019, les boutiques de Souk el-Khlanj ont accueilli quelque 20.000 clients ; cette année, leurs ventes ont déjà été multipliées par cinq. «Une hausse tirée par l’effondrement économique », explique l’entrepreneur de 25 ans, en espérant que son entreprise participe à la construction d’un modèle économique plus viable pour le pays. «Je comprends tous ces jeunes qui veulent vite partir du Liban. Mais ma définition du succès, ce n’est pas mener une vie banale en Europe ou dans les pays arabes. Pour moi, le succès c’est d’avoir un impact positif sur mon entourage et le changer», dit-il, en gribouillant, sur son bloc-notes, une structure qui s’effondre. Sa société, en tout cas, semble tenir sur de bonnes bases.