Un article du Dossier

Plages : l’horizon se dégage après des années difficiles

Avec ses quelque 100 000 m2 de terrain installés à deux pas du site archéologique de Byblos, Eddé Sands dispose de l’un des plus grands complexes balnéaires du pays : une plage de sable fin de 300 mètres de long, six piscines, sept restaurants, un hôtel trois étoiles en location de vingt-huit chambres (entre 90 et 250 dollars la nuit), trois boutiques, deux spas, une salle de conférences... Inauguré en 2003, le projet a coûté plus de 80 millions de dollars. Si le ticket d’entrée pour la plage − 22 dollars en semaine, 30 dollars le week-end − se situe dans la moyenne des tarifs en vigueur sur la côte, le groupe a progressivement diversifié son offre pour toucher un pouvoir d’achat plus élevé. La plage ne représente que 10 % de l’activité du groupe, le reste provenant des rentrées du restaurant, de l’hôtel ou des locations à la nuit dans l’une des villas privées dont les prix oscillent entre 350 et 1 900 dollars. Eddé Sands s’est aussi spécialisé dans l’événementiel multipliant les réceptions privées (conférences, mariages…) qui représentent aujourd’hui 40 % de son activité. Cependant, s’il y a encore quatre ans, Roger Eddé parlait d’une “activité très rentable”, aujourd’hui le discours se veut plus prudent. La faute à une conjoncture économique morose qui combine le désamour des touristes des pays du Golfe pour le Liban et l’impact du calendrier du mois de jeûne du ramadan qui tombe en plein été − « nous avons enregistré 40 % de pertes ces mois-ci par rapport à nos résultats habituels », note Fadi Eddé, frère de Roger, et PDG du groupe. « Les frais d’entretien hors saison réalisés par près de 250 personnes coûtent très cher », abonde Roger Eddé, qui à cette période ne garde ouverts que le spa, la salle de conférences et l’hôtel. « De plus, poursuit le propriétaire, les taxes sont trop élevées : autour de 10 % au Liban quand elles avoisinent les 5 % dans les palaces de la Côte d’Azur en France. Nous sommes même taxés sur nos pertes », déplore-t-il, répétant à l’envi sa formule d’un Liban passé en quelques décennies « du paradis à l’enfer fiscal ». Dans ce contexte, le groupe a décidé d’opérer un virage stratégique. « La famille représente 75 % de notre clientèle, explique Fadi Eddé, nous voulons désormais cibler davantage la jeunesse. » La société est en ce moment en négociation avancée avec trois grands groupes internationaux spécialisés dans l’organisation de soirées. Pour la saison prochaine, le groupe Eddé ambitionne de revenir aux événements à forte exposition médiatique (émissions de télévision, concerts…) qui ont fait sa popularité. En 2007, la plage accueillait le DJ néerlandais Tiësto, un concert qui avait rassemblé près de 15 000 personnes.
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