Un article du Dossier

Plages : l’horizon se dégage après des années difficiles

Dès sa création en 2006, Lazy B a voulu prendre le contre-pied des plages libanaises conçues comme des lieux de fête, pour chasser la musique et proposer calme et relaxation. Et surtout valoriser la nature. « La pression démographique est énorme sur la côte libanaise, les gens sont entassés les uns sur les autres, nous avons voulu créer un lieu plus naturel, donner énormément d’espace », relève Patrick Boustany architecte du projet. Sur les 25 000 m2 de terrain de Jiyé, les terrasses séparées s’articulent autour de vastes pans de pelouses. Trois piscines − dont deux réservées aux adultes − ont été aménagées, tandis qu’une pente douce mène vers une plage de sable fin de 100 mètres de long protégée par des criques naturelles. Deux restaurants et un service de snack, gérés par la société La Posta, complètent le dispositif. Le tout pour une capacité d’accueil limitée à moins d’un millier de personnes. Au total, le gérant de Lazy B, Georges Boustany, dit avoir investi depuis 2006 plus d’un million de dollars dans l’infrastructure. Les sommes ont été réunies sur les fonds propres de la société familiale Jiyeh Development et via des prêts bonifiés par des organismes comme Kafalat ou la Banque centrale. Des montants qui ne prennent cependant pas en compte les frais de fonctionnement comme l’entretien du site hors saison chiffrés entre 100 000 et 150 000 dollars chaque année. « Disposer d’un espace et l’aménager de la sorte n’aurait jamais été possible si nous n’avions pas été propriétaires, ajoute le gérant de la plage dont les terrains appartiennent à la famille depuis près d’un siècle. Si avec le temps, la philosophie du groupe est restée la même, la stratégie, elle, s’est recentrée. Dans un premier temps concentré sur un public de célibataires et de couples sans enfants, Lazy B dispose depuis 2012 d’une “zone famille” avec piscine accessible aux plus jeunes ainsi qu’un espace de jeux. La plage a aussi décidé plus récemment de mettre fin aux offres promotionnelles “agressives”. « Les offres du style “entrée gratuite pour les femmes avant midi” pratiquées chez beaucoup de professionnels du littoral ont un effet “pervers” dans le sens où elles attirent une clientèle à faible pouvoir d’achat qui fait ensuite attention à ses dépenses », relève Georges Boustany. Le prix d’entrée est donc désormais fixe : il s’élève à 35 000 LL en semaine et 45 000 LL le week-end, et reste unique pour les enfants : 20 000 LL. Côté communication, la famille Boustany ne s’étale pas non plus sur les panneaux d’affichage du pays, préférant la culture des réseaux sociaux, de l’entre soi et du bouche-à-oreille. C’est porté par cette philosophie que l’établissement limite ses soirées privées à quelques mariages « triés sur le volet, qui ne dépassent pas les deux cents personnes, et où l’on vient pieds nus, sourit Georges Boustany. Nous souhaitons une clientèle qui nous ressemble, qui se ressemble ».
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