Contrastant avec le reste du marché, l’immobilier dans la région de Kfardebian (Faqra, Faraya, Ouyoune el-Simane, Qanat Bakiche) a explosé en 2020. En l’espace de quelques mois, les prix des terrains et des chalets ont parfois doublé, voire triplé.

À Kfardebian, l’engouement pour les chalets et les terrains a provoqué une forte hausse des prix.
À Kfardebian, l’engouement pour les chalets et les terrains a provoqué une forte hausse des prix. Photo: Marc Fayad

La crise financière et économique de 2020 a relancé l’intérêt pour l’immobilier de Kfardebian. Moribond depuis 2017-2018, le marché s’est soudainement réveillé à partir de novembre 2019.

Paniqués par les restrictions arbitraires imposées sur les dépôts en dollars, des centaines d’épargnants ont investi dans des résidences secondaires et des terrains dans la région.

«Les acheteurs ont privilégié les complexes comme Faqra Club, Oakridge, Tilal et Les Plateaux. La maintenance y est bonne et surtout, ce sont des secteurs sécurisés avec des gardiens. Ce critère est devenu très important, par opposition aux chalets isolés sans surveillance», explique Christian Baz, PDG de l’agence immobilière Baz Real Estate qui gère douze immeubles dans la région.

Lire aussi : Les appartements à vendre en « lollars » se font rares à Beyrouth

Pour le foncier, les investisseurs ont privilégié les terrains de Faqra Club, considérés comme des valeurs sûres. Fondée en 1974, cette station privée de 2,4 millions de m2 a attiré les plus grosses fortunes du pays, devenant une véritable marque. «Faqra Club est “The place to be” pour la classe aisée locale et expatriée», rappelle Christian Baz.

Des dizaines de chalets et plus d’une centaine de parcelles y ont ainsi été vendus depuis le début de la crise.

La majorité des ventes a concerné des terrains d’environ 1.000 m2, même si de grandes superficies ont également été achetées dans le secteur de Qanat Bakiche.

«Les acheteurs de petites parcelles sont principalement des personnes qui veulent construire leur villa. Une douzaine de chantiers ont démarré à Faqra Club en 2020», précise Carlos Chad, consultant en immobilier.

Flambée des prix

L’engouement pour les chalets et les terrains a provoqué une forte hausse des prix.

«La demande a très vite dépassé l’offre. Les disponibilités sont tout de suite devenues difficiles à trouver et les prix ont rapidement augmenté. La tendance s’est aggravée avec l’évolution des modes de paiements, puisque plus personne ou presque n’accepte des chèques bancaires. Les acheteurs doivent désormais régler une partie ou la totalité du bien en dollars frais», explique Carlos Chad qui a réalisé plusieurs dizaines de transactions depuis la fin 2019.

Lire aussi : Carlos Chad : « Nous avons conclu une trentaine de transactions autour de Kfardebiane »

La valeur de certains terrains et chalets a ainsi doublé, voire triplé dans la région de Kfardebian. Ce micromarché fait désormais figure d’exception au Liban, même la capitale n’ayant pas connu une telle inflation malgré une forte demande.

«Une parcelle achetée en mai 2020 à 800 lollars le m2 vient d’être revendue à 800 dollars frais le m2», dévoile Carlos Chad qui estime que les valeurs foncières sont passées en moyenne de 800-900 lollars le m2 en 2020 à 2.200-2.300 lollars en 2021 à Faqra Club.

La flambée des prix touche également certains chalets. Les plus beaux et les plus faciles à louer ont vu leur valeur grimper en flèche.

Le mètre carré à Edelweiss, par exemple, est passé d’environ 4.000 dollars fin 2019 à 10.000 lollars le m2. Certains propriétaires affichent même 12.000 lollars le m2 ! Dans le complexe Oakridge, les appartements varient de 7.500 à 8.000 lollars le m2.

La flambée des prix à Faqra Club a complètement chamboulé le marché immobilier de la région de Kfardebian.

«Les prix ont d’abord augmenté à Faqra Club. Mais les acheteurs ne pouvant pas y acheter se sont tournés vers des produits dans des régions adjacentes qui pouvaient correspondre à leur budget. Par ricochet, les prix ont grimpé aussi à Tilal, Ouyoune el-Simane, Tilal al-Assal et Qanat Bakiche», précise Carlos Chad.