Parmi les oeuvres présentées à cette exposition, Wonder Beirut #99 des artistes Khalil Joreige et Joanna Hadjithomas
Parmi les oeuvres présentées à cette exposition, Wonder Beirut #99 des artistes Khalil Joreige et Joanna Hadjithomas ©Les artistes/In Situ - Fabienne Leclerc Collection privée

En 2016, Jean-Luc Monterosso, directeur de la Maison européenne de la photo à Paris, organisait une exposition intitulée “La photographie française existe… Je l’ai rencontrée”. Ce titre, libanisé, conviendrait à merveille à la trop courte exposition que propose la Beirut Art Fair (BAF) cette année. Dénommée “Across Boundaries”, elle rassemble le travail d’une trentaine de photographes libanais, professionnels et anonymes, de 1900 à nos jours.

C’est la première fois qu’une exposition de cette ampleur est organisée au Liban comme dans le monde. Tarek Nahas, conseiller de la BAF et collectionneur impénitent, y met en lumière un panorama de la photographie libanaise moderne et contemporaine. «Cette exposition reflète d’abord un choix subjectif. Je n’ai pas cherché à construire une histoire de la photographie libanaise. Davantage à créer des affinités visuelles ou sémantiques autour de plusieurs thèmes», explique-t-il.


La Roue de Beyrouth du photographe Ziad Antar figure dans la Collection Ka


Pour son équipe, trois thèmes se sont imposés : «D’abord, la notion de document». Un rapport à la mémoire où l’on retrouve les grands photographes de guerre (Fouad el-Khoury ou Roger Moukarzel), mais aussi le travail d’artistes, dont la photographie est un média récurrent dans leur oeuvre, comme Joanna Hadji-Thomas et Khalil Joreige, Akram Zaatari ou Walid Raad. «L’idée de territoire, ensuite». Il s’agit cette fois de questionner l’espace en faisant dialoguer notamment le Baalbeck noir et blanc de Manoug avec les friches urbaines de Ziad Antar, ou le Beyrouth de Nadim Asfar. «Enfin, une vision de l’intime» qui permet notamment à Saro ou à Gilbert Hajj de décrire ce qui pour eux constitue “l’essence de l’être”.

Guidé par son histoire personnelle, ses goûts et ses convictions, Tarek Nahas a passé au crible plus de 40 collections libanaises pour construire cette belle déambulation. «Je pensais la photographie mal représentée. Elle est en fait un média de plus en plus intégré aux grandes collections.» L’exposition dévoile ainsi certains “trésors” mal connus des collections de l’AUB, de l’USJ, de la collection Saradar, de la collection Ka ou de la Fondation arabe pour l’image. «Il y a un dialogue entre ces œuvres : elles raisonnent les unes avec les autres donnant à voir l’immense créativité libanaise.»

“Across Boundaries”, du 20 au 23 septembre, Beirut Art Fair, seaside arena (ex-Biel).